C’est l’été. Plusieurs filles et garçons manquent à l’appel : il y a ceux qui sont partis vers des destinations exotiques ou dans la famille et puis les autres, ceux qui restent.
Sous la chaleur écrasante de juillet, ceux qui restent se retrouvent autour d’un banc du quartier et imaginent chaque jour de nouveaux jeux. Livrés à eux-mêmes et à l’ennui qui les guette, sans perspective de changer d’horizon, ils rivalisent pourtant d’imagination et de créativité pour réinventer chaque journée.
L’un d’eux improvise un chant puis une marche pour l’accompagner. Une sorte de haka prend forme, d’abord hésitant puis scandé avec détermination, que les autres reprennent bientôt en chœur. Un hymne spontané pour consacrer le peuple qu’ils forment et affirmer haut et fort, face au soleil, ce qu’ils sont et ce qui les lie.
EXTRAIT
« et là Vasil
Vasil si bavard aujourd’hui
rigole
et articule
et respire fort
et rigole
et articule
de moins en moins bien
et rigole
et sa respiration
saccadée
hachée
s’étiole
symphonie en perdition
et dans un éclat
Vasil
sourire
ciel et terre
explose
car sur la camionnette
il y a écrit
sale
sur la vitre arrière
dans la poussière
quelqu’un avec son doigt
a tracé
le mot sale
à même la poussière
nettoyant
ainsi un peu
la vitre
une écriture dans du sale
un tag qui nettoie
et Vasil rigole
rigole
et personne ne sait
s’il rigole
car le mot sale
est écrit sur un véhicule
sale
ou si c’est
d’avoir nettoyé
pour écrire
et donc de rendre propre
soit disant
en dégradant
qui le fait rire
Vasil rit
rigole
s’épand s’étend
s’enivre de tout ce bonheur
qui a pour effet
de casser l’ennui
de la journée
cette journée
qui ennuie chacun
(...) »